De son enfance challandaise, elle a gardé le tendre souvenir du café familial, tenu par sa maman, pendant que le papa allait travailler à l'usine toute proche, on ne peut plus proche même, puisqu'il suffisait de traverser le jardin pour y parvenir.
Un café typique comme on n'en trouve plus beaucoup maintenant, une toute petite salle avec dans le fond un très joli bar en pierres de pays et, sur le devant, de grandes tables rustiques en bois, auréolées deci-delà par les tâches rougeâtres des fonds de bouteilles ou de verres ; autour des tables, des bancs sur lesquels venaient s'asseoir et trinquer des habitués.
Un drôle de nom pour un bar : le café de la Chapelle ! Ce lieu avait-il donc reçu une bénédiction, autorisant les ouailles de la petite commune à venir boire une fillette ou une chopine de gros plant ? Dieu seul le sait...
Le midi et en fin de journée, les ouvriers des usines environnantes affluaient, toujours les mêmes ; elle sourit encore à la vue d’une photo jaunie, retrouvée récemment dans une boîte de chaussures, photo montrant deux gamines de 7/8 ans (sa petite soeur et elle-même), une coupe de cheveux au carré comme on faisait à cette époque, vêtues d'un sage tablier de carreaux confectionné par la maman, accoudées la tête dans les mains sur un banc au milieu de tous ces hommes, buvant leurs paroles pendant qu'eux levaient allègrement le coude.
Des années bonheur qui ont passé beaucoup trop vite... puis ce furent les années collège et lycée dont elle ne garde pas un souvenir impérissable... ni très bonne élève, ni mauvaise, dans la moyenne quoi ! Son seul point fort, les cours de français et les rédactions dans lesquelles elle se sentait vraiment à son aise et excellait.Mais être bonne en rédaction ne fait pas pour autant un bon auteur, ça se saurait !
D'autres années passèrent, années pendant lesquelles elle s'est totalement impliquée dans ses différentes activités professionnelles. Elle n'a jamais vraiment envisagé l'écriture, même si, à une époque, en y réfléchissant bien, ça lui aurait vraiment plu d'écrire des livres pour enfants... et même si, de plus en plus, ces dernières années, elle lançait à droite et à gauche sur des forums ou sur un blog très personnel, des petits textes sans prétention, sans queue ni tête même parfois.
Et comme elle ne croit pas au hasard, elle a eu la chance de croiser il n'y a pas si longtemps un homme qui est devenu pour elle un grand ami et qui l'a poussée, voire même certaines fois enguirlandée pour qu'elle écrive enfin un "vrai" texte, avec un début et une fin !
Quand le concours des "Contes et légendes de Vendée" s'est présenté, elle s'est dit qu'elle tenait peut-être là l'occasion de se lancer dans l'aventure. Elle s'y est jetée, à fond, avec passion une fois de plus, pour faire vivre son petit personnage de Riquiqui, trouvé au hasard (hasard ?…) des pages d'un recueil de vieilles cartes postales vendéennes.
Et contre toute attente, son texte a été retenu ce qui l'a rendue folle de joie, comme la fillette du café de la Chapelle quand elle s'émerveillait devant le client qui dansait le kasatchok sur une table.
Quand le livre est sorti, encore plus beau que dans tous ses rêves, elle a sorti son crayon le plus fin et s'est empressée de faire une belle dédicace pour l'offrir à sa maman, avec une pensée spéciale et émue pour son papa qui n'est plus là pour partager ce doux moment.
Ça va vous paraître finalement dérisoire... après tout, ce ne sont qu'une dizaine de pages dans un recueil qui compte une trentaine d'histoires, mais c'est déjà beaucoup, et même énorme pour elle.
Et cette aventure, qui lui a permis des nouer des amitiés sincères et durables, lui a laissé entrevoir - elle se cherchait depuis quelque temps... la cinquantaine peut-être ? - qu'elle avait des choses à dire, surtout à écrire, et que l'écriture était désormais le début d'une route qu'elle espérait longue, enrichissante et passionnante... elle fourmille de projets, à elle maintenant de les coucher sur papier...
Un très beau portrait, qui fait chaud au coeur et mouille les yeux sur les coins^^
RépondreSupprimerLongue vie à tes projets de plume, MF!!
Juliette
Je ne suis pas une adepte des bars... mais j'ai adoré cette petite traversée du côté du petit "café de la Chapelle" !! Un gros merci Marie-France pour ce joli moment de tendresse et d'intimité. Pour le reste,je n'ai qu'une seule chose à te dire... que tes rêves de plume deviennent réalité et prennent forme avec tout le bonheur que tu mérites.
RépondreSupprimerGros bisous !
Delphes
Un bien joli portrait qu'on dirait tracé à l'encre violette, celle-là même dans laquelle nous trempions la plume sergent major, après en avoir équipée le bout du porte-plume, soigneusement rangé dans le plumier en bois. Les mains tremblaient parfois, en remuant, au fond du gobelet de porcelaine blanche, la boue épaisse, annonciatrice d'un énorme pâté en plein milieu des pleins et des déliés ; langue tirée, appliqués, nous ajustions bien le buvard rose et nous lancions sans filet.
RépondreSupprimerOui le portrait de Marie-France, pourtant de plus de dix ans ma cadette, me renvoie à cette cérémonie du samedi après-midi, celle du remplissage des encriers quand l'élève préposé à ce délicat travail, passait de bureau en bureau, portant sa petite burette comme le Saint-Sacrement ; tous enviaient ce "chouchou" sans oser le montrer, la sagesse exemplaire étant de rigueur.
Sages comme des images telles les fillettes en sarrau d'écolière qui se faisaient petites souris pour apprendre la vie et comprendre le monde.
Il y souffle une légère brise de Marcel Aymé, Delphine et Marinette ne sont pas loin, non plus, qui sait, cachées sous les bancs de chêne ?
Il y a plane aussi un petit air de Doisneau, la photo jaunie, certes mais surtout cette image fugace et pourtant immuable du père, franchissant tranquillement la haie de son jardin pour aller accomplir, à l'usine, ses longues heures de labeur quotidien, des semaines de 45 heures, voire plus, malgré le vote des 40 heures hebdomadaires.
En passant on l'imagine bien jeter un coup d'oeil furtif aux choux, aux citrouilles qui s'épanouissent dans le potager.
Merci à toi, Marie-France la challandaise.
Que dis-je ?
RépondreSupprimerMarie-France la Challandaise.
Merci Claudine pour ton si joli commentaire qui m'a profondément émue et touchée...
RépondreSupprimerCe que j'ai ressenti en lisant ton portrait : l'évocation d'une époque où le temps prenait le temps entre labeur et douceur familiale. Une belle description au bout de ta plume qui ne demande qu'à prendre son envol... pour que le rêve devienne réalité ce que je te souhaite du fond du coeur.
RépondreSupprimerBises
Très belle aventure Marie France, et aussi un immense merci pour cette idée de blog qui simplifie les contatcs, montre les auteurs et partage les joies que provoque ce livre à tout le monde.
RépondreSupprimerIl manque encore des portraits...
J'espère que les retardataires vont se manifester vite !
Christophe