Fin 2009, en consultant un de mes sites favoris (Bonnes Nouvelles, pour ne pas le citer), je tombe sur un appel à texte bien alléchant : s’adressant apparemment aux écrivains vendéens, le Refuge de Grasla, et le Conseil général de Vendée proposent d’écrire une légende se basant sur un fait, un lieu, un personnage bien ancré dans le territoire vendéen.
Voilà un challenge fort stimulant. Je creuse donc dans mes souvenirs.
D’abord, puis-je me prétendre écrivain vendéen ? Ecrivain, certainement pas, je n’ai commis jusque-là que quelques poèmes et nouvelles, dont certains se sont retrouvés, probablement par mégarde, ou par distraction, dans l’un ou l’autre recueil. Toutefois, cela me semble un détail, puisqu’il s’agit ici d’encourager à l’écriture, et que, de fait, je me sens très encouragé par cet appel. D’autant plus, que l’on précise dans les modalités de participation que l’on fait appel aux « doux rêveurs ». Aucun doute, je corresponds à cette définition. Voilà donc une première difficulté prestement effacée.
Le point suivant est plus délicat. Comment justifier que je serais Vendéen ? Je scrute donc un peu plus cet appel à textes et je découvre, non sans une certaine surprise, qu’il existe quatre catégories bien précises de Vendéens.
Il y a tout d’abord les Vendéens de naissance. Je me précipite sur ma carte d’identité. Pas de chance, je suis né à Goma ; un très bel endroit assurément, sur les bords du lac Kivu, malheureusement bien malmené ces dernières années, et de toute façon sans aucune connexion géographique avec la Vendée, même en essayant de prolonger les eaux territoriales de l’île d’Yeu un peu plus que les cartographes ne l’autorisent.
La deuxième catégorie, ce sont les Vendéens de lignée. J’interroge ma mère, mes oncles et tantes, une parente historienne. En creusant, on retrouve dans la famille un bon nombre de Flamands, quelques Luxembourgeois, un Parisien et même un Cosaque. Mais même ici, une distanciation certaine par rapport au pouvoir parisien (ledit Cosaque ayant pris un malin plaisir à visiter Paris en 1815, sur les talons de Napoléon, et après un détour euphorique par Waterloo) ne suffit pas à établir une lignée convaincante avec les rebelles vendéens.
Troisième catégorie, les Vendéens d’adoption. Je plonge dans mes souvenirs. Je suis allé une première fois en Vendée avec mes parents quand j’étais enfant. Cela remonte bien loin (après les guerres de Vendée, tout de même) et je n’en ai plus que de vagues réminiscences. J’y suis retourné quand mes deux aînées étaient toutes petites. Je me rappelle très bien que la plus grande aimait la plage, mais pas du tout le sable, ce qui a compliqué la situation, et probablement empêché toute forme d’adoption. Et j’y suis retourné plus récemment avec ma plus jeune fille. Cette fois, en fait d’adoption, c’est plutôt nous qui avons adopté la Vendée comme terre de prédilection, conquis par le charme de ses paysages, par la gentillesse de ses habitants, par l’atmosphère empreinte à la fois de tradition et de modernisme que nous y avons trouvée, et surtout par cet attachement si fort, si authentique au terroir et à l’histoire.
Du même coup, je me suis donc vu propulsé en quatrième catégorie – les Vendéens de cœur. Par simple curiosité, je me demande d’ailleurs où placer ma fille : elle aussi a apprécié cette superbe région, mais étant désormais fille de Vendéen (bon, de cœur seulement, mais tout de même…), pourrait-elle revendiquer une place dans le deuxième groupe, celui des Vendéens de lignée ?
Restait donc à écrire un texte, où se mêlaient quelques images de Vendée, l’amour des chauve-souris, de douces rêveries (n’oublions pas les modalités de participation) et le mélange imaginaire de personnages bien réels dans deux êtres de conte.
La distraction du jury faisant le reste (peut-être mon texte est-il passé dans la bienheureuse béatitude d’une sieste suivant un repas festif ???), je me suis retrouvé un soir de juillet au milieu des bois, sur un parking où ne se voyaient que des plaques terminées par « 85 », plus rarement « 44 » ou « 79 ». Difficile de dissimuler la mienne, avec ses chiffres et lettres d’un rouge agressif !
Mais c’est bien lors de cette rencontre improbable que j’ai pu vérifier le sens de l’accueil des gens de Vendée, et croire un tout petit peu que je faisais désormais partie de leur groupe, au moins par le cœur.
Très bel article plein d'humour, Jean, et qui retrace bien ce parcours qui vous a amené à participer au concours des Contes et légendes de Vendée.
RépondreSupprimerMais dites-moi, puisque vos prénom et nom sont un emprunt (nous connaissons tous votre nom véritable) je me dis que ce choix ne doit pas être le simple fruit du hasard... En découvrant la vie de Saint Jean Gualbert, je vois qu'il prit en charge une abbaye près de Florence(en Italie - pas à côté de Saint-Fulgent !) mais point de trace de Vendée dans son parcours... vous n'avez tout de même pas décidé de vous exiler dans un monastère ? Rassurez-moi Jean, ce serait nous priver de beaux textes et de nouvelles rencontres en Vendée, l'été prochain.
Bravo Jean!
RépondreSupprimerPour moi, c'est le souvenir d'une rencontre bien agréable avec un vendéen de coeur.
Françoise
Les monastères.... en plus de beautés architecturales incontestables, chez nous ils se caractérisent souvent par l'excellence de leur bière et de leur fromage. Alors, tous les rêves sont permis !
RépondreSupprimerEloquence et humour pour une plume alerte qu'il est si agréable de lire.
RépondreSupprimerAu plaisir de vous rencontrer...
Vendéen de coeur... sans aucun doute ! je me souviens cet été à Grasla, de votre femme et de votre fille qui ne tarissaient pas d'éloges sur les ventres à choux et leur accueil ! En espérant avoir le plaisir de partager avec vous une table autour de nouvelles signatures en 2011 !
RépondreSupprimerDelphes